(Published on December 16, 2007 by Margot Bruyère)
Le soleil de Verdun
Il avait vingt ans, était étudiant en médecine et soignait les soldats blessés dans les tranchées et les boyaux de Verdun. Il tenait son journal que j'ai le privilège d'avoir entre les mains :
"Je suis obligé d'évacuer beaucoup de pieds gelés. Les hommes ont bien des bottes en caoutchouc, mais ils y mettent leurs chaussures humides de sorte que les pieds continuent de macérer et gèlent. Les hommes prennent six heures de garde consécutives par nuit".
En dépit du froid, de la faim, du travail, des blessés et des morts, des obus qui tombent sans cesse, il note le 17 janvier 1915: "Je regarde par un créneau d'où l'on a une vue superbe. La campagne est toute couverte de givre. La route et le Longeau serpentent dans le fond de la vallée. À peu de distance, on aperçoit le village de Saint-Rémy dont il ne reste plus que quelques pans de murs".
Et il conclut par cet hymne à la vie:
"Tout brille sous un beau soleil d'aurore".