(Published on October 14, 2008 by Margot Bruyère)
Culture
Nous rangions une corde de bois dans le bûcher. Je passais les bûches au paysan qui les avait apportées dans sa remorque et il les rangeait sans hésitation avec une précision géométrique, fruit d'une longue habitude. Nous travaillions en silence, tout occupés à ne pas perdre de temps. Soudain, je reconnus un bois de bouleau, facilement identifiable à sa robe argentée. Dès lors, je m'amusai, tout en passant les bûches, à lui demander à quelle essence elles appartenaient. Il me répondait sans la moindre hésitation : "ça, c'est du chêne; et ça du pommier; et ça du châtaignier, du hêtre, du frêne, du houx, du noyer…"
Je m'y perdais, tout en admirant cet art de lire la nature dont je ne serai jamais capable malgré tous mes efforts. Et je songeais qu'il n'y a guère de différence entre cette forme de culture et celle acquise dans les livres. N'est-ce point toujours une accumulation de connaissances, dont le seul but est d'apprendre à mieux penser, mieux réfléchir, mieux vivre? Je sais bien des paysans qui, dans ce domaine, pourraient en remontrer aux gens dits "cultivés".