(Published on April 7, 2006 by Margot Bruyère)
Un rameau d'olivier
Je roulais hier vers Penmarc'h, lorsque j'aperçus sur le bord de la route un curieux auto-stoppeur. C'était un vieil homme, probablement un ancien ouvrier agricole, qui tenait dans une main un sac de plastique débordant des herbes cueillies le long du chemin, et qui brandissait dans l'autre main un rameau d'olivier.
Il semblait si inoffensif, si paisible et confiant, que je me suis arrêtée et l'ai laissé monter. Chemin causant, il m'a dit avoir rencontré auparavant un automobiliste complaisant qui l'avait voituré pendant plusieurs kilomètres et lui avait donné ce rameau d'olivier; un vrai trésor aux yeux de mon compagnon qui ne connaissait jusqu'alors que les branches de buis bénies le dimanche des Rameaux.
— L'olivier, m'a-t-il expliqué, cela vient du pays de notre Seigneur Jésus; il paraît que maintenant certaines espèces d'olivier poussent en Bretagne et donnent même des fruits. Dimanche prochain, a-t-il ajouté en caressant avec amour sa branchette d'olivier, je la ferai bénir à la messe des Rameaux.
En descendant de voiture, il a hésité un instant puis il m'a proposé la moitié de son rameau. J'ai refusé ce don, qui pour lui était immense, en prétextant qu'il en aurait besoin pour la messe. Il a eu un grand sourire reconnaissant et m'a quittée en m'assurant de ses prières.
La voiture était toute embaumée de thym, de mousse, d'olivier et d'autres herbes encore. Il me semblait que la colombe de la paix avait passé quelques instants près de moi. Mais n'est-ce pas le privilège des "anciens" d'être messagers de paix?