(Published on January 14, 2013 by Margot Bruyère)
Ecrivain ou écrivaine?
Il y a les pour et les contre, qui sont majoritairement des femmes. Les hommes ne se sentent pas vraiment concernés par la controverse.
Quand j’ai hasardé qu’il existait bien « souverain » et « souveraine », il m’a été opposé un argument imparable : le problème n’est pas le même, il s’agit ici d’un adjectif qui a été substantivé. Je me suis inclinée… mais j’ai tout de même approfondi la question.
Le terme « écrivain » est issu de « escrivein » qui apparaît en français vers 1120 et vient lui-même du latin populaire « scribanem », dérivé de « scribere » qui signifie écrire. Le mot prend sa forme définitive « écrivain » au XVIIe siècle et désigne, à la fin du XVIIIe siècle seulement « un auteur qui se distingue par la qualité de son style ».Jusque là, rien à dire : tout le monde est d’accord.
Et l’ « écrivaine » ? Elle apparaît dès le XIVe siècle (escriptveine), puis à partir de 1639 (escrivaine). Plus tard, le terme a disparu comme bien des noms de professions qui étaient autrefois exercées par des femmes (je pense à doctoresse, avocateresse, etc.).
L’Académie Française qui est misogyne et toujours en retard d’une guerre, a tout de même fini par adopter en 1932 actrice, avocate, électrice, pharmacienne … La Présidence de la République admet « écrivaine » depuis 2009 . Le grand Robert signale « écrivaine » dès 2001 et le Petit Larousse depuis 2009. En Belgique, la forme « écrivaine » est recommandée par le Service de la langue française dans les documents officiels. Au Québec et en Suisse romande, l’emploi des termes «écrivaine et auteure » s’est généralisé depuis les années 1980.
Pour ceux qui ne seraient pas encore convaincus, j’enfoncerai le clou en disant que Colette, Simone de Beauvoir, Jules Renard et Benoîte Groult ont utilisé ce vocable.
En conclusion : écrivain, ou écrivaine, à chacune de choisir. Car l’un et l’autre se dit ou se disent. Personnellement, je choisis écrivaine.