(Published on September 22, 2014 by Margot Bruyère)
Les Nymphéas
J'étais entrée à L'Orangerie des Tuileries pour fuir la chaleur et le bruit de Paris, sachant que je trouverais, dans la grande verrière qui abrite "Les nymphéas" de Monet, la sérénité, la profondeur et la douceur que je recherchais. Tout en admirant, je songeais.
Si Monet n'avait pas perdu progressivement la vue, aurait-il peint ce chef-d'œuvre? Si Colette n'avait pas perdu l'usage de ses jambes, aurait-elle ciselé aussi finement "Le Fanal bleu"? Et comment Renoir, âgé et perclus de rhumatismes, a-t-il pu réaliser l'éblouissant portrait "Ambroise Vollard en toréador"?
Mon père, qui avait connu l'horreur de la guerre et de la captivité, fit un jour la réflexion suivante: "je crois que, sans la souffrance, il n'y aurait pas de beauté", donnant pour exemple l'œuvre poignante de Toulouse-Lautrec.
Il me semble qu'il avait raison.